"mimesis", les lycéens à la Une de Sud-Ouest.
Le festival des ateliers-théâtre, premier du genre, débute lundi 16 avril.
Sur scène, au milieu des bagages, sacs, valises et cage à oiseaux, ils sont 12. 12 garçons et filles,
élèves de terminale au lycée Jean-Dautet, qui jouent chacun au moins deux, souvent trois personnages différents. Il y a, par exemple, la vieille dame oubliée. Les deux copines chargées de
l'entretien des locaux et la jeune fille rêveuse. Le précieux amoureux et la nana espiègle. Le père triste et le fils rebelle. Le flic et le truand débutant.
Tous ces êtres se croisent et s'interpellent, monologuant à l'envi, sur le plateau scénique transformé, par la magie du verbe, en hall de gare. La pièce s'intitule « Les pas perdus ». Elle a été écrite par Denise Bonal, une dramaturge contemporaine décédée il y a un an. Elle figure au répertoire 2012 de l'atelier-théâtre du lycée Dautet.
C'est Geneviève Moreau-Bucherie, créatrice des Chantiers du jeune théâtre, qui a choisi « Les pas perdus », à la rentrée dernière, après avoir vu la pièce à Paris. Avec la complicité de Stéphane Jacob, professeur de lettres à Jean-Dautet et animateur de l'atelier-théâtre.
Cette pièce, raccourcie de moitié pour entrer dans le cadre des Chantiers du Jeune Théâtre, sera jouée en public mardi prochain, à l'Oratoire (lire ci-dessous). Elle est inscrite au programme du premier Festival Mimésis : trois jours de rencontres entre lycéens et étudiants des ateliers théâtre de La Rochelle.
Quatre lycées, une fac
Ce festival, qui réunit pour la première fois des lycéens et des étudiants, Geneviève Moreau-Bucherie, enseignante à la retraite, en rêvait depuis longtemps. « Il y a vingt ans que je fais du théâtre, ce projet me tenait à cœur depuis au moins dix ans ». Elle et Stéphane Jacob ont deux passions communes : la pédagogie et le théâtre.
Quatre lycées se sont lancés dans l'aventure Mimésis, dite aussi Chantiers du Jeune Théâtre : Vieljeux, Valin, Saint-Exupéry et Dautet. Rejoints par les étudiants de l'université, dont l'atelier est dirigé par Claudie Landy, directrice de la compagnie théâtrale Toujours à l'horizon. Donc quatre lycées et une fac, abritant 11 ateliers au total. Et, à l'arrivée, 11 productions différentes, des « Pas perdus » à « Charlie et la chocolaterie » (Roald Dahl) en passant par « Gargantua ou le rire partagé » (Rabelais).
« Un défouloir »
Les pièces ne sont pas présentées dans leur intégralité, en raison du choix de monter des « petits formats » pour ce premier festival. La durée des spectacles varie de vingt à quarante-cinq minutes, certains ateliers présentant des extraits de l'œuvre, comme à Dautet (« Les pas perdus » est facile à découper en tableaux autonomes), certains présentant la moitié de la pièce.
Acteurs, un peu danseurs aussi, pour quelques phrases chorégraphiées au début des « Pas perdus », les jeunes de l'atelier Dautet ont également trouvé les costumes et tourné des videos de leurs propres scènes. Elles seront utilisées comme décor mouvant.
Que leur apporte le théâtre ? « Le droit d'être fou », dit une jeune fille. « C'est un peu un défouloir », ajoute un garçon. « On prend de l'assurance », assure un autre. Geneviève et Stéphane estiment, eux, que le théâtre doit les aider à « aiguiser leur sens artistique ».
Par Christiane Poulin |
Sud Ouest du jeudi 12 Avril 2012 |